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Sunday, September 6, 2020

A San Francisco, le recul de l'offre de transports publics creuse les inégalités - Les Échos

angkutandariberita.blogspot.com

Publié le 6 sept. 2020 à 9:30

Depuis le début du Covid, les fameux « cable cars » de San Francisco ont disparu des collines du centre-ville, tout comme les métros et les trams. Depuis cinq mois, la SFMTA, l'équivalent de la RATP, a décidé de stopper leur activité. Une décision historique : même pendant le tremblement de terre de 1906, une partie des trams avait continué de fonctionner. Un redémarrage a été tenté fin août, mais il a été interrompu 72 heures plus tard après des défaillances d'équipements et la découverte d'un cas de Covid-19 parmi les opérateurs du centre de contrôle conduisant à une mise en en quarantaine de l'équipe. Aucune reprise n'est désormais prévue avant la fin de l'année.

Jeffrey Tumlin, le directeur de la SFMTA, n'en fait pas une priorité : ces rames desservaient le centre-ville, dont les gratte-ciel restent vides avec l'adoption en masse du télétravail par les entreprises. Celles-ci sont de plus en plus nombreuses à l'étendre jusqu'à l'été 2021, comme Uber, voire indéfiniment, comme Twitter et Square . Le réseau social Pinterest a lui annulé la construction de plusieurs immeubles dans Downtown, évoquant l'embauche de salariés à distance à travers tout le pays.

Recul de la fréquentation de 80 %

Ce phénomène, doublé de l'absence de réouverture des écoles, des cinémas, des institutions culturelles et des salles de restaurants, ainsi que de la peur de contamination dans les transports publics, a conduit à une baisse de la fréquentation de 80 %. Alors que le niveau est remonté à New-York ou Paris, il reste toujours aussi bas dans la « City by the bay ».

Ce recul de l'offre de transports publics risque de conduire davantage d'habitants à s'acheter une voiture, menaçant la transition écologique de la métropole - l'année dernière, les bus, métros et trams de la SFMTA représentaient plus du quart des trajets quotidiens mais 0,03 % des émissions de CO2. Il va surtout creuser un peu plus les inégalités dans une ville où elles sont déjà fortes .

« Faire fonctionner les transports publics pour les gens qui ne peuvent pas se permettre d'acheter une voiture est une question de justice sociale et d'équité », met en avant Bob Powers, directeur du BART, l'équivalent du RER, dont 81 % des passagers sont de couleur et qui a du également réduire son service.

« Si vous êtes dans la finance ou la tech, vous pouvez télé-travaillez mais si vous travaillez en cuisine, comme femme de ménage ou dans un hôpital, vous ne pouvez pas », abonde Jeffrey Tumlin. D'autant plus que l'option VTC devient de plus en plus chère et qu'Uber et Lyft menacent d'arrêter d'opérer dans l'Etat si la Californie les force à transformer leurs chauffeurs en salariés .

Ressources en baisse

La SFMTA concentre désormais ses ressources sur les bus desservant les quartiers où vivent ces travailleurs essentiels. Après l'arrêt de 40 lignes sur 70 au début de la pandémie, une vingtaine a rouvert mais l'agence ne pourra pas revenir au niveau pré-Covid car ses ressources ont drastiquement diminué.

Les revenus des tickets de transport, qui représentent 20 % de son budget opérationnel, sont en baisse de 95 %. Les commissions sur les tickets de parkings et les amendes, qui pèsent un quart, ont fondu et les fonds publics de la ville ont reculé de 30 % avec une taxe sur les hôtels et une TVA rapportant peu. Résultat, l'agence est confrontée à un déficit opérationnel de 200 millions de dollars, raconte Jeffrey Tumlin, qui « envie les agences européennes et asiatiques dont les ressources sont beaucoup plus stables et moins dépendantes de la consommation ».

Une aide fédérale de 15 milliards de dollars pour les agences de transit public de l'ensemble du pays a été adoptée en mars, dont 373 millions pour la SFMTA, ce qui va lui permettre d'opérer jusqu'à la fin de l'année. « En puisant dans nos réserves, nous pouvons tenir encore deux ans avec un service réduit, mais en 2023, nous serons au bord du gouffre financier », met cependant en garde Jeffrey Tumlin, qui garde espoir qu'une aide fédérale supplémentaire soit votée en cas de victoire des démocrates en novembre.

La crise actuelle se superpose à un système souffrant déjà de sous-investissement, provoquant régulièrement l'étonnement de visiteurs s'attendant à des services publics aussi high-tech que les entreprises nées dans la ville. « Il y a six mois, alors que nous étions en plein boom économique, nous avions déjà un déficit structurel de 50 millions de dollars.Nos dépenses augmentent car nous devons payer des salaires à nos employés qui leur permettent de vivre dans cette région où le coût de la vie a explosé », décrit Jeffrey Tumlin. 




September 06, 2020 at 02:30PM
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