Chacun semble avoir trouvé sa place lors de ce deuxième conseil métropolitain de l’ère Anziani qui avait des airs de réconciliation. Une fois les échanges de politesse terminés, les débats se sont animés, notamment autour de la question des transports.
Entre le propos liminaire d’Alain Anziani et les premières déclarations de Patrick Bobet, le temps semble à l’apaisement au conseil métropolitain de ce vendredi. Les élus et maires de droite ont ensuite voulu rattraper le temps de parole dont ils s’étaient privés la semaine dernière. Ils ont été nombreux à s’exprimer sur la fin de la cogestion.
Le maire de Pessac, Franck Raynal, a évoqué une « gouvernance que nous n’avons pas choisi ». Alain Cazabonne, élu à Talence, a attaqué la conférence des maires promise par le nouveau bureau : « Je ne crois pas à l’exemplarité de l’exécutif au travers du conseil des maires. » Enfin, Nicolas Florian, ex-maire de Bordeaux, a sarcastiquement évoqué l’unité de la nouvelle majorité :
« Si cette gouvernance nouvelle signifie que vous serez d’accord partout et sur tout, tant mieux. Si c’est ça le fait majoritaire, si nous avons là une majorité qui votera comme un seul homme sur tous les textes, on s’y soumet. »
Avant de noter un « abandon d’idéal de la part de quelques uns des maires entre 2014 et 2020 qui étaient Vice-Présidents bien qu’étant dans la minorité », et de conclure : « J’ai peur que sur d’autres sujets, cet abandon d’idéal se traduise aussi. »
Majorité et opposition
Le nouveau président a tenu alors à rappeler les règles du jeu :
« Sur la gouvernance, il ne doit pas y avoir d’ambiguïté. Il y a une majorité et une minorité, que l’on devrait peut-être, sans doute, appeler une opposition. »
Alain Anziani a aussi indiqué qu’il proposera aux oppositions la présidence des commissions finances, identités communales et urbanisme. Patrick Bobet, l’ancien président de la métropole, s’est réjoui de cette nouvelle mais a tenu à avertir le nouvel exécutif :
« Merci pour les propos apaisants et rassurants quant à votre intention de partager les prises de décision. Nous verrons si le pari est tenu. Vos propos nous conviennent mais nous avons vu depuis quelques semaines un décalage entre paroles et actes. »
Enfin, sur la conférence des maires, Alain Anziani a conclu :
« La conférence des maires ne sera pas un bidule, un machin. Ce serait une insulte faite au législateur qui l’a instaurée. Elle sera un lieu de dialogue qui examinera tous les grands sujets. »
Le chapitre gouvernance était-il clos ? C’était sans compter la présence d’Isabelle Rami au sein des conseillers délégués, et donc au sein de l’exécutif métropolitain. Celle-ci était la tête de liste écologiste à Talence battue par Emmanuel Sallaberry dès le premier tour.
« Une déclaration de guerre »
Le maire de Pessac, Franck Raynal, ne décolère pas de voir la Talençaise au sein de la majorité métropolitaine alors qu’elle est conseillère municipale d’opposition :
« Il y a dans la composition du nouvel exécutif un élément qu’on ne peut pas passer sous silence. C’est le fait qu’une élue minoritaire au niveau municipal puisse appartenir au fait majoritaire métropolitain. Les électeurs de Talence ont tranché. Je pense qu’elle devrait s’éloigner de près ou de loin de toutes les décisions concernant la commune où elle est minoritaire. »
Alain Cazabonne, élu dans la majorité talençaise, s’en est également indigné.
« Nous avons, nous, toujours estimé qu’il s’agissait une déclaration de guerre à la majorité élue que de mettre au bureau un élu minoritaire dans sa commune. Ce n’est pas la personne qui est en cause, c’est le principe. »
Contactée, Isabelle Rami avoue qu’elle « s’y attendait un peu » mais qu’elle a trouvé cela « indélicat et peu cavalier ». Pour « ne pas mettre en difficulté Alain Anziani », elle affirme « qu’elle n’interviendra pas en tant qu’élue métropolitaine sur le territoire de Talence » mais qu’elle ne compte pas arrêter de s’exprimer au conseil municipal ou bien de se déplacer sur Talence en tant qu’élue municipale.
« Il y a eu des voix pour notre liste. Nous représentons une partie de la population de Talence », a-t-elle déclaré.
Par ailleurs, sa délégation métropolitaine concerne les mobilités actives. Elle explique :
« Les mobilités, c’est un travail global. Il serait dommage d’exclure Talence de la réflexion. C’est M. Rossignol-Puech [vice-président aux mobilités, NDLR] qui se déplacera sur le territoire talençais pour ces questions-là mais Talence va s’intégrer dans ce travail global de remise à plat des mobilités, et donc je travaillerai sur Talence. »
Les mobilités : l’enjeu du prochain mandat
De mobilités justement, il en a été longuement question lors de ce premier conseil métropolitain. C’est Jacques Mangon, ancien maire de Saint-Médard-en-Jalles, qui a mis les pieds dans le plat le premier demandant à comprendre « pourquoi, lorsqu’il faut faire des prolongations de ligne de tramway vers des quartiers de Bègles ou Bordeaux, avec quelques milliers d’habitants, tout ça parait normal et quand on veut prolonger vers Saint-Médard avec 50 000 habitants, c’est anormal et déraisonnable ».
Une occasion offerte à Pierre Hurmic pour détailler sa vision des mobilités :
« Notre échec collectif, c’est de ne pas avoir su intégrer les territoires périphériques. Nous avons été obsédés par une métropole magnétique. Il faut changer le paradigme. Si nous mettons des tramways partout, nous n’aurons plus d’argent pour financer ce RER extramétropolitain. »
Puis, c’est au tour de Clément Rossignol-Puech, maire de Bègles et vice-président en charge des stratégies des mobilités et des mobilités alternatives, de prendre la parole pour donner la feuille de route :
« Le schéma des mobilités a été voté il y a dix ans. Il est temps d’y réfléchir, et je souhaite le faire d’abord en conférence des maires. Nous devons arrêter des priorités communes en décembre pour un vote à l’été prochain. Un effort multimodal doit être fait. », a-t-il déclaré.
Comprendre : aucune mobilité n’est à écarter pour le maire de Bègles, qui a cité le vélo bien sûr, les transports en commun, le covoiturage qu’il souhaite développer pour « réduire les bouchons » notamment sur la rocade ainsi que la marche.
Clément Rossignol-Puech a ensuite fait voter la délibération entérinant la création de la ligne de bus Créon-Bordeaux, jusque-là mise en place à titre expérimentale, dont « le succès est au rendez-vous », a affirmé Christophe Duprat, ainsi vice-président au transport qui avait lancé cette expérimentation en collaboration avec la communauté de communes du créonnais et le département. D’autres lignes de bus entre des territoires périphériques et le cœur de la métropole seraient à l’étude.
July 25, 2020 at 11:00AM
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Le transport pour roder le conseil métropolitain nouvelle formule - Rue89 Bordeaux
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