Le magazine Envoyé spécial, sur France 2, a diffusé jeudi 3 septembre un reportage sur la maltraitance animale lors des transports liés à l'exportation de bétail. Avec des images filmées sur le port de Sète au côté de l'association Welfarm, qui entend jouer le rôle de lanceur d'alerte.
De la lassitude dans la voix, Olvier Carmes, le directeur du port du Sète, explique qu'il n'a pas voulu regarder le reportage que l'émission de France 2 "Envoyé Spécial" a consacré jeudi 3 septembre aux transports d'animaux destinés à l'exportation. Lequel se déroule pour moitié autour du port sétois. "C'est toujours la même chose. Les critiques, l'exception...Alors que nous sommes le premier port européen à avoir obtenu le label bien être animal."
Remise en cause des images
Pour lui, le fait de diffuser des images présentées comme des maltraitances et qui ne seraient pas représentatives, leur enlèverait tout intérêt.
"Pour la chaleur. Ils ne disent pas si le lendemain, le vétérinaire n'a pas interdit l'export ? Nous avons eu plusieurs arrêts durant l'été 2019 (les images ont un an, NDLR). Nous avons de nombreux contrôles vétérinaires. Ils ont déjà bloqué des navires. Et le chargement des bêtes est une activité à risques. On a eu des dockers blessés. Le reportage ne parle pas de ça ? Peut-être qu'un docker met son pied pour se protéger. On n'est pas contactés, on n'a pas le droit de répondre. C'est à charge. Et nous, on continue à faire le max ! Nous sommes les meilleurs au niveau européen."
"C'est interdit. Il y a un règlement !"
La réaction au visionnage d'Adeline Colonat est complètement à l'opposée. Pour celle qui est chargée de la "campagne transports" au sein de l'association de protection mondiale des animaux de ferme, Welfarm, et qui apparaît dans le reportage, "les images sont honnêtes. Et nous sommes des gens mesurés. Cela fait deux ans que je viens à Sète. L'autre personne vient depuis plus longtemps. Il a constaté pire en 2017-2018. Ce qui m'a vraiment marquée, c'est l'absence de planification dans les arrivées de camions, aux heures les plus chaudes. Alors que l'on savait que l'on était en canicule et qu'il est interdit de faire circuler du bétail par plus de 30 °c."
Quant aux violences, elle explique : "On était étonnés, car ils ont un label. Les coups portés sont les mêmes que ceux que l'on voit dans d'autres ports. Ils tapent à quatre. Un homme tape avec ses pieds. C'est interdit ! Il y a un règlement."
En colère, Olivier Carmes parle pour sa part d'un "acharnement" contre le port de Sète. "On nous met dans un global pour nous tirer vers le bas. Nous n'avons rien à voir avec l'Australie ! Ceci alors que nous faisons énormément de choses. Si nous exportons, c'est parce que nous avons un savoir-faire. On est bons ! On a investi pour le bien-être animal ! Cela a même mis en péril notre activité en 2018. Nous sommes plus chers que les autres car nos bêtes sont bien traitées."
D'autres problèmes à régler
Le directeur du port va aussi, au-delà du reportage, sur la question d'une filière. "On oublie que s'il n'y avait pas eu d'exportations de bétail pendant le confinement, il y aurait eu des problèmes. Il faudrait qu'ils aillent voir aux Etats-Unis ce qui s'est passé. Il y a des images à faire, là-bas. Des bêtes sont mortes."
"Nous aussi, on va faire un film"
La décision est prise, annonce Olivier Carmes, directeur du port de Sète, après concertation avec le directeur de la Société d'exploitation du parc à bestiaux (Sepab). Un film va être tourné afin de montrer la manière dont sont traités les animaux sur le port de Sète, comment travaillent la Sepab et les dockers qui s'occupent des animaux. "Nous aussi on va faire des images et montrer nos images", ajoute-t-il, décidé, dans un monde de communication, à défendre avec les mêmes armes.
Pour lui, si tout n'est sans doute pas parfait à Sète, c'est sur des points vraiment problématiques qu'il faudrait agir. "Travailler sur le transport maritime par exemple et aller voir des ports où la situation est catastrophique : en Espagne ! Là, on n'a pas d'image !"
Adeline Colonat, elle aussi, s'interroge au-delà. Elle réclame avec Welfarm des règles pour le transport maritime, avec des carnets de bord, des vétérinaires. "Aujourd’hui on ne sait pas ce qui se passe à bord." Puis de conclure sur le besoin, selon elle, de repenser l'export, en termes de responsabilités, de A à Z, car "ces animaux partent vers des pays d'Afrique du Nord, du Moyen-Orient. C'est l'horreur qui les attend."
September 04, 2020 at 10:45PM
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Reportage d'Envoyé spécial sur le transport d'animaux : le port de Sète dénonce un "acharnement" - Midi Libre
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