Publié le 22 juil. 2020 à 10h19
Les activités de Towt relèvent-elles du folklore ? Beaucoup peuvent le penser. Faire traverser l'Atlantique par des vieux gréements à voiles chargés de fret comme le café, le rhum ou le vin fait rêver les plus nostalgiques, mais la rentabilité économique est difficile, voire impossible. « C'est simple, reconnaît Guillaume Le Grand, le créateur et dirigeant de Towt , amarré au port de Douarnenez depuis une décennie, le coût de la traversée sur les vieux gréements est de 3 à 4 euros le kilo transporté contre quelques centimes pour un cargo conventionnel. »
Les bateaux traditionnels en bois sont très lourds et réclament un équipage important pour les manoeuvres. Les tempêtes ou le manque de vent peuvent ralentir les livraisons. Une traversée transatlantique à la voile peut prendre jusqu'à soixante jours de mer. Towt affrète notamment la goélette « De Gallant », qui est la propriété de la Blue Schooner Company.
Le manque de performance des bateaux traditionnels n'empêche pas des entreprises comme Belco d'utiliser les moyens nautiques de Towt pour importer en France une partie de ses grains de café. Les vins bio du bordelais Château Le Puy, sont aussi régulièrement montés à bord. Ce transport vélique permet à ces entreprises de communiquer auprès de leur clientèle sur leurs valeurs environnementales et de réduction de leur empreinte CO2. Towt a même créé un label au nom d'Anemos (« vent » en grec) que ses clients peuvent apposer sur leurs différents produits.
Une levée de fonds
Transporter l'ensemble des matières premières ou produits finis d'une entreprise uniquement en utilisant la force du vent est actuellement une véritable gageure ! Guillaume Le Grand l'a très bien compris. « J'ai démontré qu'il était possible de transporter du fret à la voile, les clients sont là. Il me faut désormais passer la vitesse supérieure et changer de dimension économique », indique encore le dirigeant, dont l'entreprise réalise à peine 500.000 euros de chiffre d'affaires annuel. Elle emploie une équipe composée de 6 personnes.
L'armateur va donc renouveler sa flotte et faire construire des bateaux, toujours à voiles, qui utiliseront les technologies véliques les plus abouties. Pour ce faire, il s'apprête à effectuer une levée de 10 millions d'euros auprès d'industriels et de banques. Une somme qui lui permettra de passer commande d'un premier voilier sachant qu'il faut compter entre 8 et 10 millions d'euros par unité. D'autres renforcements des fonds propres de Towt viendront progressivement compléter ses besoins financiers.
4 nouveaux voiliers à construire
L'entreprise envisage de mettre 4 bateaux à l'eau à partir de 2022. Les constructions sont prévues pour s'étaler tous les neuf mois. « Les appels d'offres sont lancés auprès de plusieurs chantiers navals européens », confie Guillaume Le Grand.
Chaque bateau propulsé uniquement à la voile pourra charger à son bord 1.000 tonnes de produits contre à peine une centaine actuellement. « On redeviendra ainsi très compétitif puisque le prix de la traversée sera ramené à quelques centimes par kilo transporté ». Longs de 67,5 mètres, chacun de ces voiliers, qui sera propulsé par des gréements semi-automatisés, pourra naviguer à 11 noeuds. En cas de mer sans vent et pour faciliter les manoeuvres d'entrée et de sortie de port mais aussi d'accostage, ces bateaux en acier disposeront de moteurs électriques et thermiques alimentés par du biocarburant. Une équipe technique est à l'oeuvre pour dessiner le profil de chaque voilier. Elle est accompagnée d'experts comme le célèbre navigateur François Gabart, qui participe au projet. Il intervient dans le « design des voiles ».
Le projet de Guillaume Le Grand prend d'autant plus corps que la marque de chocolat Cémoi s'est engagée à utiliser les prochains bateaux de Towt. Un contrat vient d'être signé. « En 2022, nous effectuerons pour eux plusieurs traversés entre Abidjan, en Côte d'Ivoire, et la France pour le transport de 2.000 tonnes de grains de cacao, puis nous passerons à 4.000 tonnes en 2023 et 8.000 tonnes en 2025 », confie encore le dirigeant.Il a prévu, quand sa flotte sera opérationnelle, de créer deux autres routes régulières, la première entre le continent et New York, et la seconde entre la France, la Colombie et le Mexique. A court terme, Towt, qui possède une première boutique de vente de ses produits transportés à son siège social de Douarnenez, va prochainement en ouvrir une deuxième, cette fois sur le port du Havre.
July 22, 2020 at 03:19PM
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Le breton Towt décidé à rendre le transport du fret à la voile compétitif - Les Échos
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